In Aventure, Voyage

JOURS D’HIVER
A LA MONTAGNE
Partie I

L’histoire que nous allons vous conter aujourd’hui est un peu plus personnelle que les autres articles de notre blog. En effet, elle relate l’aventure que nous avons vécu il y a un peu plus d’un an lors d’un voyage au Tibet. Une fois n’est pas coutume, je vais prendre la parole en mon nom pour vous raconter ces jours d’hiver à la montagne.

En préambule je vous dirai juste que je rejoignais un couple d’amis, Thomas et Cassandre, vivant à Hong-Kong. Ceux-ci avaient prévu un voyage au Sichuan, à l’Est du Tibet, avec un de leurs amis que je ne connaissais pas : Christophe. Je me suis donc joins à eux au dernier moment; bien heureux de me laisser porter vers l’inconnu. Durand ce voyage, nous partîmes 5 jours effectuer un treck en terres tibétaines; entre 3700 et 4800 mètres d’altitude.

Voici le journal de bord de ces 5 jours d’aventures qui resteront gravés dans nos mémoires à vie.

Jour 1 – Dimanche 21 Avril 2019

Levé 8h30 .

Nous faisons nos sacs, tout excités de se lancer enfin dans cette aventure que nous attendions tant. Nous nous apprêtons à oublier, pendant les 5 prochains jours, le confort que nous pouvons connaître nous occidentaux. D’autant plus que le lodge où nous logeons, se prête facilement à l’exercice. Si vous l’aviez vu, au milieu des collines, petite maison typiquement tibétaine avec ses murs blancs et ses fenêtres en trapèze de couleur rouge… Vous auriez cru à un charmant petit chalet de haute altitude. Et vous n’auriez pas tort. La tradition ici, est de renforcer les murs avec de la bouse de yack séchée. Il parait que c’est un isolant naturel extrêmement fort, et sans odeur !

Après avoir avalé le petit-déjeuner préparé par le cuisinier du lodge, nous partons enfin avec notre guide Chedup, et deux canassons qui portent nos sacs et de quoi vivre.

Altitude 3,700M.

Nous traversons vite un premier cours d’eau dans lequel je glisse pour aider Cassandre à passer, et vois mon pied submergé par le ruisseau. Test de l’étanchéité de la chaussure : OK ! Pas une goutte n’a ainsi pénétré à l’intérieur. Rapidement, nous nous projetons vers la première ascension en haute altitude.

Celle-ci dura à peu près 2 heures et nous montâmes près de 500m de dénivelé, d’entrée, sans échauffement ! L’air est si rare que nous ne sommes pas habitués à ce type d’effort. Le moindre mouvement nous prend une énergie folle, et nous sommes très rapidement essoufflés. Nous faisons donc plusieurs pauses pour respirer et boire de l’eau.

Au bout d’un moment la pente diminue et nous arrivons sur un plateau de paysage sec. Il faut dire que c’est la saison des neiges ici, la pluie ne tombe donc pas souvent et la terre en manque parfois. Nous reprenons ainsi notre souffle grâce à cette marche et commençons déjà à nous mettre dans le bain.

Plus tard, une fois notre checkpoint atteint, nous nous posons en cercle pour déjeuner. Chedup nous donne notre repas du jour : sandwich fait avec les éléments cuisinés au petit déjeuner (tomates, oignons, mozzarella, saucisse de yack fumée aux épices, servi dans du pain complet). Visiblement notre guide du jour ne goute pas vraiment ce repas, peut-être trop occidental pour lui. Un petit fruit pour finir et nous voilà repartis.

Nous descendons finalement de l’autre côté de la colline que nous avons grimpé plus tôt et nous nous retrouvons rapidement vers ce qu’on peut appeler un temple en plein air. Effectivement, cet endroit est un lieu de culte où les tibétains rassemblent des fanions en tous genres, des drapeaux, des chapiteaux de tissus… bref un endroit charmant et plein de couleurs !

Au final la descente n’a pas durée plus d’une heure trente et nous nous arrêtons dans une ferme, chez une famille tibétaine qui nous accueille pour l’occasion. Il est 16h, nous prenons le thé avec eux, et essayons d’instaurer un dialogue. Chose non aisée car les tibétains ne parlent ni chinois ni anglais, et aucun de nous ne parle pas tibétain. Mais avec des mimes nous arrivons à nous faire comprendre.

La famille est composée d’un couple de jeunes, le mari 30 ans et la femme de 25 ans ont un bébé de 5 mois. Il est choyé dans des couvertures par son grand père de 58 ans pendant que sa grand mère s’occupe des yacks dans la vallée. Celle-ci rentre d’ailleurs complètement malade de fièvre de son périple et s’installe directement dans le lit, enfouie sous ses couvertures pour retrouver une quelconque chaleur.

Les jeunes sont eux au four et au moulin. Si ce n’est pour s’occuper du troupeau (100 yacks et quelques chevaux), ils construisent des abris pour le bétail, s’occupent de leur famille et de nous par la même occasion.

Le mari fini son toit et rentre le troupeau dans l’enclos, en attachant les bébés yacks pour ne pas qu’ils s’échappent ou soient volés. Pendant ce temps la femme nous prépare le diner : yack cuit aux petits légumes sur riz blanc et pommes de terres cuites dans un bain d’huile. Ils nous proposent du beurre de yack pour aller sur notre pain… Ne jamais dire oui !! Ce beurre est fort et a un goût vraiment spécial. Surtout, la cuisine tibétaine est très grasse et ce beurre est incorporé à pas mal de préparations locales.

Mais après quelques parties de tarot, il est déjà 20h30, il fait nuit dehors. Il est l’heure de nous coucher. La famille nous installe des coussins, à même le sol durs comme du bois, en guise de matelas, sur lesquels ils disposent des petits oreillers et des couvertures. Nous nous mettons en tenue, masque anti lumière aux yeux, et nous voilà partis dire bonjour à Morphée!

Kilomètres parcourus : 10,4
Kilomètres cumulés : 10,4

Voyage Tibet 1

Jour 2 – Lundi 22 Avril 2019

Levé 07h15.

La nuit fut longue bien qu’entrecoupée par des réveils inopportuns. Tantôt la grand-mère feint de mourir en poussant des petits gémissements de douleurs, tantôt le grand-père tente de se dégager d’un étouffement sauvage à coup de crachats à arracher la trachée.

Les lits sont durs si bien que nos dos et muscles sont meurtris et ne se régénèrent pas vraiment. Le reste de la nuit se passe tout de même sans encombre.

Nous sommes finalement réveillés par la femme qui commence à cuisiner le petit déjeuner. Il faut savoir que cette ferme ne comporte qu’une pièce principale dans laquelle tout se passe. Elle nous propose donc du riz frit à l’huile et aux oeufs brouillés au beurre de yack. Rien que la vue du seau de beurre de yack posé sur l’étagère, à l’air libre, nous donne envie de vomir. Mais je me force car il faut prendre des forces pour la journée à venir. J’allais le regretter plus tard…

Altitude : 3.800m.

 Nos packages faits, nous voilà prêt pour repartir dans les contrées tibétaines. Mais aujourd’hui un nouveau guide nous accompagne. Il s’agit de Shamlo, le père de la femme chez qui nous avions couché la veille. Shamlo n’est pas venu seul. En effet, deux nouveaux chevaux, dont un mâle que j’appelais de suite « Princesse ». Shamlo, l’accompagnent. Le guide restera avec nous pour toute la durée du voyage restant. Les animaux sont plutôt craintifs avec nous, si bien que nous avons du mal à les approcher ou les caresser. Thomas a failli déclencher une ruade en voulant juste prendre de l’eau dans un des sacs disposés sur leur dos.

Le petit déjeuner passé, nous sortons et faisons face à une plaine enneigée. Il était en effet tombé un sacré nombre de flocons pendant la nuit. Nous nous équipons donc en conséquence. La matinée se passe sans difficulté majeure. Une ascension, moins difficile que la veille, nous permet de monter à 4.100M. Le panorama est déjà magnifique et nous redescendons tranquillement la vallée jusqu’à atteindre une autre ferme deux heures plus tard.

Juste avant cela, j’essaie d’envoyer un premier texto à mes proches pour les rassurer. Je réussi à enfin capter une barre, debout sur un rocher, entouré de yacks. Mais l’expérience s’avéra non fructueuse… Non seulement le message n’est pas parti en temps et en heure, mais j’ai de plus perdu un de mes gants, que je venais d’acheter… Double peine !

Nous apprenons que cette ferme, qui est pour l’heure en construction, appartient à la soeur du propriétaire du lodge dans lequel nous séjournons. Il est d’ailleurs là pour nous accueillir, avec deux nouveaux chevaux munis d’équipements pour dormir la nuit en haute montagne. Nous accueillons par la même occasion un nouveau guide. Il a environ 25 ans, est très souriant et possède un enthousiasme à toute épreuve.

La femme qui nous accueille a un jeune fils de 7/8 ans, qui est une véritable pile électrique. A peine arrivé, il nous saute dessus et veut constamment jouer avec nous. Les genoux de Christophe s’en souviennent encore ! Nous déjeunons avec eux dans la pièce principale du second bâtiment; un déjeuner composé de riz et de yack bouilli au céleri épicé.

Puis nous repartons pour une marche qui durera environ 3h. Nous suivons les deux guides et les 4 chevaux à travers une multitude de petites collines, passant au travers de troupeaux de yacks par centaines. J’ai récupéré le sac à dos de Thomas pour l’après-midi; au bout d’une heure celui-ci commençait déjà à me fusiller le dos et les épaules. Mais je savais ce qu’il allait m’en couter en venant ici alors je passe outre mes douleurs. Il faut tenir coute que coute, jusqu’à la fin. Je portais ma propre croix en quelque sorte… En même temps il reste difficile de se plaindre lorsque l’on est dans un décor comme celui-là. D’autant plus quand l’on voit la vie que mènent les tibétains. Il est vrai que nous sommes chanceux, mais ils sont tellement positifs et accueillants… Une véritable leçon de vie !

Nous n’avons plus qu’à serrer les dents et faire un pas après l’autre vers notre destination. Nous avons du franchir une rivière plus profonde que les précédentes. Cassandre est montée sur l’un des poneys pour la franchir sans encombre, alors que nous essayons de lui construire un chemin sécurisé avec des grosses pierres. En vain! Nous finissons par faire un détour pour la rejoindre de l’autre côté de la rive. S’en suit une longue montée vers un village ou nous allons passer la nuit. Ce village comporte une nonnière : un endroit où vivent les nones tibétaines. Nous en croisons sans cesse sur le chemin, toutes souriantes à la vue d’étrangers.

La propriétaire du lodge a mis à notre disposition une petite maison dans laquelle 4 couchages ont été préparés pour nous. Nous déposons nos encombrantes affaires et décidons de faire un petit tour dans le village. La première chose que nous découvrons est un petit temple. Il semble désert alors Cassandre décide d’y entrer. Mais une nonne vient à notre rencontre pour nous dire que celui-ci n’est pas visitable. Nous repartons et trouvons une supérette où nous achetons de l’eau (qui commençait à manquer) ainsi que des sucreries. Puis nous montons en haut du village pour tomber sur un véritable lieu de culte bouddhiste : un temple où trône une série de grosses bobines en bois que les fidèles doivent faire tourner en priant. Ce sont en réalité des moulins à prières. Le spectacle est charmant et le décor assez coloré. 

Nous finissons par rentrer dans la petite maison où nous jouons au tarot jusqu’au diner : du riz avec du yack bouilli et des poivrons vert. Nous nous couchons vers 22h30, après avoir terminé la journée par un peu de lecture à la lumière d’une lampe frontale.

Kilomètres parcourus : 16,3

Kilomètres cumulés : 26,7

Vous pourrez retrouver la suite de nos aventures au Tibet dans deux semaines. En attendant, pourquoi ne pas nous faire part de vos aventures hors du commun ? En commentaire ou sur nos réseaux sociaux, nous serons ravis de vous lire !

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Les valeurs nécessaires pour une aventure